Les modules Trackers

Hein ?! Les Mod quoi ?

Ceux qui connaissent les « Mod Trackers » en lisant cet article se dirons sans doute « Mince, ce matin en me réveillant j’ai du plonger dans une faille temporelle en pausant le pied à terre ».

Aux autres : Défroissez votre journal, … oui en haut à droite la date indique 1989. Vous réalisez à l’instant que c’est sur un amiga 500 que vous lisez cet article. Ne paniquez pas ! Profitez en juste pour prendre une bonne tartine de Pastador, c’est si bon !

Je vous propose un Flashback 90’s sur ces espèce de séquenceurs qui vont changer l’histoire de l’informatique musical !

On ne parlera pas de guitare ici, mais de MAO et plus particulièrement d’un sujet qui me tient à coeur car il s’agit de ma première expérience musicale : A l’époque alors que je n’étais pas musicien pour 2 sous, j’avais accroché à mort à ces logiciels appelés modules trackers, et j’y ai passé des heures à jouer de la musique, en mode bidouillage. Alors le nostalgique que je suis n’a pas pu résister à l’envie de vous faire un petit topo sur le sujet ou à vous faire découvrir ces softs d’une autre ère informatique.

Jusqu’en 1987, l’informatique musicale, c’était soit pour les riches, soit pour les développeurs :
pour les riches il y avait le MIDI, alors inabordable, pour les développeurs il y avait les ordinateurs et leurs chipsets audio (comme l’éternel Commodore 64) qu’il fallait programmer… en assembleur souvent. (Respect M. Martin Galway – musicien de génie sur C64 à l’origine de beaucoup de titres dans les jeu vidéo la plateforme de Commodore).
On était à mille lieux des interface audio, les séquenceurs et les formats audio d’aujourd’hui.
Cette année, voilà qu’un dénommé Karsten Obarski a l’idée de créer un logiciel d’édition musicale sur son Commodore Amiga. Il l’appelera Ultimate Soundtracker. L’idée est de générer tout les signaux audios à partir du logiciel : l’utilisateur sélectionne un Sample et joue. Le logiciel se charge de jouer le sample à différentes hauteurs.

Le concept d’écriture et de lecture des différentes pistes est bien pensé. Imaginez que vous ayez devant vous autant de rouleaux à musique (rouleaux de papier perforé que l’on trouve dans les orgues de barbarie) que de pistes. A vous de placer les notes sur chaque piste (appelée Pattern). On fixe le tempo. A la lecture, les pistes se déroulent à la vitesse sélectionnée et les notes balayées sont jouées.

Le succès commercial du logiciel n’est pas vraiment à la hauteur des espérances de M. Obarski qui décide finalement d’en publier le code source. La communauté Amigatiste va modifier le code, le débugger, l’améliorer et donner un naissance à des déclinaisons du logiciel (NoiseTracker et ProTracker). On peut dire qu’un nouveau genre de logiciels est né : les modules (ou trackers).
Leur utilisation a été très fréquente dans la réalisation de démos (créations artistiques à la croisée de l’infographie, de la MAO et de la programmation informatique). Voir : scène démo (wikipedia)

Exemple :

Certains trouveront ça assez anodin aujourd’hui mais rappelez vous que nous sommes seulement en 1991.
A l’époque il s’agissait d’une vrai prouesse technique que certains geeks nostalgiques comme moi apprécient toujours autant. Avez-vous remarqué ce son très typé ? De bons samples, avec un grain bien particulier (lié je crois à l’échantillonnage).

Revenons à nos Trackers. Ils furent nombreux, et au fur et à mesure des versions on a vu apparaître des formats de plus en plus évolués et de nouvelles fonctionnalités : la possibilité en plus d’inscrire des notes de spécifier le volume, la Balance, des Bends sur chacune d’elle, de les étouffer, d’y appliquer une une résonance, etc. Parmi les Trackers évolués à l’époque, on retiendra : FastTracker, ScreamTracker 3 et Impulse Tracker (mon favori, celui sur lequel j’ai passé des centaines d’heures).

Voici un petit exemple qui prouve qu’avec de bon samples on peut faire de très belles choses avec un Module Tracker ! (ici Impulse Tracker avec un cover d’une musique du jeu vidéo Secret of Mana).

 

Retour à notre époque :
Ce type de séquenceur s’est largement fait distancer par les nouveaux logiciels tels que CuBase, Live!, ProTools, etc. beaucoup plus riches en fonctionnalité supportant à la fin le MIDI (largement accessible aujourd’hui) et les pistes audio, les périphériques audio, l’enregistrement multi-piste en temps réel…
Mais les Trackers ne sont pas complètement morts, et il valent encore le coup qu’on s’y intéresse – rien que pour « l’expérience utilisateur » liée à leur ergonomie unique !
Essayez les dernières versions vous y trouverez peut-être une bonne part de fun et vous pourrez en plus goûter de certaines fonctionnalité comme le support des VST de certains trackers, évidemment absentes à l’époque.

MadTracker supporte les Plug-ins VST
L'excellent MadTracker supporte les Plug-ins VST

Cerise sur le gâteau, il y a quelques temps j’ai découvert reViSiT (qu’il faut décidément que je trouve le temps de le tester). C’est un VSTi, donc utilisable avec certains séquenceurs d’aujourd’hui (ex: CuBase, Live!, etc.) sous forme de Tracker. En d’autre termes, il permet de composer sur un Tracker et de vous en servir dans vos nouvelles compositions sur votre séquenceur d’aujourd’hui.

Si vous en avez le temps, lancez vous dans l’expérience !

1 Commentaire

  1. Salut,

    C’est clair que les interface ne sont pas très intuitives, dans mon groupe on utilise modplug tracker et player (enfin notre bassiste moi je suis incapable de générer quelque chose de potable) pour générer la batterie. Le résultat est vraiment bluffant.

    Si vous voulez écouter le résultat, sur notre myspace on a mis les morceaux digital life, Mental Void, A Thousand Voices et Refusal :
    http://www.myspace.com/lethalmindmetal/
    Les autres morceaux sont avec une batterie normalement constituée 🙂

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