Nous avançons dans la section MAO avec cette série d’articles qui nous orientera progressivement vers plus de pratique avec le sujet de la prise de son. Nous avons jusqu’à présent parlé d’enregistreurs, d’interfaces audio et de micros. Afin de compléter la chaîne ou plutôt les différentes configurations de chaînes possibles, on abordera aujourd’hui le sujet des préamplis et des principaux éléments qui peuvent intervenir dans la chaîne d’enregistrement :Le pré-ampli, l’ampli, Les boîtes DI, Les simulateurs de HP, l’EQ et la compression.
Après ça, il sera enfin temps de parler de prises de son dans la pratique !
Le pré-ampli
Le pré-ampli, comme son nom l’indique va pré-amplifier le signal. Il s’agit là d’une phase cruciale puisqu’elle permet de mettre à niveau le signal reçu pour qu’il soit exploitable par l’équipement en aval. Il sera amplifié jusqu’à plus de dix fois. On comprend dès lors qu’il faut que le souffle soit le plus réduit possible et que la qualité des composants est primordiale car le pré-ampli doit rendre un signal sans déformation. Le pré-ampli va nécessairement avoir un impact sur le rendu final, en colorant le son, en le rendant plus rond ou plus clair.
On appréciera particulièrement la chaleur apportée par les modèles à lampes même si les modèles a transistor sont plus prisés, pour leur prix, et pour leur compacité même si ils ont moins de caractère.
Sur les pré-ampli on retrouve la même notion de classes A, B, AB que sur les amplis.
Sans rentrer dans le détail, un ampli de classe A gère par ses mêmes composants les formes d’ondes positives et négatives du signal, là où l’ampli de classe B a des composants dédiés aux signaux positifs et d’autres aux signaux négatifs. La classe B offre ainsi un rendement bien meilleur mais une qualité sonore moindre à cause de difficultés techniques à gérer les transitions positif/négatif, générant des artéfacts audio. La classe AB est un compromis entre les deux solutions permettant d’avoir un bon rendement avec une qualité sonore optimisée.
Le pré-ampli représente un coût important dans une installation. Généralement on les trouve directement intégrés dans les tables et dans les interfaces audio de qualité. Le coût que représente cet élément explique qu’un nombre d’entrées conséquent sur une table ou une interface audio peut faire grimper le prix de manière quasi proportionnelle.
On retrouve généralement ces différents réglages sur les pré-amplis généralistes :
- Le réglage du gain : Il s’agit ici de pouvoir régler le niveau de pré-amplification.
- Atténuation (-20dB) : Ici vous pouvez atténuer le signal en entrée selon le volume de l’instrument enregistré.
- Drive : Ce paramètre est généralement présent sur les pré-amplis à lampe. Alors vous pouvez réchauffer voir aller jusqu’à distordre le son (sur les pré-ampli guitare en particulier)
- Inversion de phase : Comme son nom l’indique il s’agit d’inverser le signal, procédé utile lorsqu’il s’agit de réaliser des enregistrements avec plus d’un micro.
L’ampli
On entrera pas dans le détail de cet équipement, ci ce n’est dire qu’il sert à amplifier le signal à un niveau élevé, suffisant pour mettre en mouvement la membrane du baffle pour produire le son. A ce niveau, la prise de son se fera généralement à l’aide d’un micro devant le baffle ou bien avec une DI avec simulateur de HP (voir plus bas).
Les boîtes DI
Le boîtier DI permet d’adapter l’impédance de sortie d’un équipement (un instrument par exemple) à celle d’un second équipement destinataire du signal. Par exemple entre une guitare et une table de mixage qui n’aurait pas d’entrée haute impédance (Hi-Z).
Il joue aussi un rôle dans la gestion de la masse pour éviter les parasites (en rendant le signal symétrique). Il sera alors également exploitable par des équipement à la connectique XLR. Deux technologies existent : les DI passivess et les DI actives. Les passives sont de simples transformateurs audio sans alimentation externe, à l’inverse des DI actives qui sont alimentées et offrent généralement la possibilité de régler le gain et proposent plusieurs sorties à des niveaux différents.
Certains sont faits pour encaisser des signaux au niveau ligne et au delà (ex : sortie HP d’un ampli). On peut alors les utiliser pour reprendre le son d’un ampli directement dans une table. Attention par contre, dans le cas d’un ampli à lampes, cela ne vous dispense pas de devoir charger l’ampli (baffle ou Loadbox intégrée). Les PDI03 de Palmer par exemple intègrent à la fois une boite de DI pour guitaristes, un simulateur de HP (analogique) et une LoadBox. Les VB-101 et Torpedo Live de Two-Notes offrent des prestations du même genre mais en numérique (DSP gérant la simulation de HP par convolution – évolutif). Il y en a aussi bien pour les amoureux du numérique que pour ceux qui ne jurent que par l’analogique.
D’autres dérivées des boîtes DI, appelées boîtes de Ré-amping sont utilisés dans la technique d’enregistrement du même nom.
Il s’agit ici, à l’inverse d’adapter un signal niveau ligne à une entrée en haute impédance. Concrètement, on partira du signal brut de la guitare rejoué par un enregistreur pour l’injecter dans l’entrée d’un ampli guitare. On peut alors jouer et rejouer la prise enregistrée en changeant d’ampli, en appliquant des effets différents, etc.
Des effets parfois employés à la prise de son :
Le compresseur
C’est lui qui évitera entre autre les pics qui pourraient provoquer une saturation disgracieuse lors d’enregistrements d’instruments à fort volume. Son utilisation est simple : Vous y définissez un seuil et un ratio. Au delà du seuil que vous avez réglé, le signal sera atténué selon le ratio choisi. A un ratio faible, l’effet de la compression sera faible, à un ratio élevé la compression sera forte. Un ratio infini, lui, coupera complètement le signal au delà de la valeur seuil. On donne d’ailleurs un nom aux compresseurs ainsi réglés : « limiteur ».
D’autres paramètres sont souvent disponibles aussi : l’attaque qui vous permet de régler un temps de latence entre le moment où le signal passe le seuil et l’activation de la compression, et son opposé : la résolution qui définit le délai après lequel le compresseur arrête d’agir après descente sous le seuil.
On peut aussi se servir de la compression pour colorer le son et agir sur la dynamique du son.
Il convient de ne pas trop abuser pas trop de cet effet car il ferait perdre toute la dynamique de l’enregistrement et vous dénatureriez les sons des instruments.
Les égaliseurs
Les égaliseurs peuvent jouer un rôle important aussi à la prise de son.
Par l’ajout ou la réduction du volume selon la fréquence, les égaliseurs permettent de corriger certains défauts en atténuant le souffle, et les résonances. Ils servent aussi à modeler le signal avant enregistrement ou au mix.
Il en existe de différents types.
- Les filtres passe-haut (Lo-cut):
Comme leur nom l’indique, ils laissent passer les fréquences au dessus du seuil réglé (qu’on appelle fréquence de coupure) et applique une pente en deçà (ex: -18db par octave). - Les filtres passe-bas (Hi-cut) :
Il s’agit simplement du filtre opposé. Celui ci coupe les fréquences hautes au delà de la fréquence de coupure. - Les correcteurs Bell (cloche) :
C’est la courbe de réponse du filtre qui donne son nom au filtre : Il ne laisse passer que les fréquences autour de la fréquence de coupure. - Les correcteurs Baxandall : Il s’agit d’un correcteur Grave et Aigu autour de la fréquence de 1KhZ.
- Les égaliseurs graphiques : Ces égaliseurs doivent leur nom à leurs curseurs linéaires (faders) positionnés l’un à côté de l’autre, donnant une vision instantanée du réglage appliqué au spectre de fréquences.
- Les égaliseurs paramétriques : Le correcteur paramétrique est un egaliseur à plusieurs bandes où chaque bande chevauche la bande voisine. La largeur de chaque bande est généralement réglable par un paramètre « Q ». A chaque bande on applique un gain.
Il y a deux écoles quant au placement de ces effets. Tout comme le compresseur, les égaliseurs peuvent êtres utilisés en prise de son ou/et au mix. En ce qui me concerne, je fais le choix d’enregistrer brut (en gardant une marge pour veiller à ne pas atteindre la saturation à l’enregistrement) et j’applique égalisation et compression au mix.
Les deux solutions sont valables mais en ce qui me concerne pour des raisons pratiques, j’utilise beaucoup de logiciels (effets sous forme de plug-ins dans le séquenceur). Je considère que le convertisseur et le préampli de mon interface audio sont de qualité suffisante pour que je puisse n’appliquer tous ces effets qu’à partir du mix pour modeler le son comme je le souhaite. Cependant, nombreux vous le diront que dans la prise de son de certains instruments difficiles à enregistrer, la présence d’un compresseur et d’un égaliseur en amont peut s’avérer très pratique et utile.
J’aimerais vous dire que je pense avoir fait le tour du sujet mais il est certain que non. Le sujet est vaste, et je ne serais pas surpris de lire l’un de vous qui me dit que j’ai omis de parler de choses et d’autres. Quoi qu’il en soit, nous avons en tous cas déjà matière à envisager différentes solutions pour nos prises de son qu’on tentera de schématiser dans le prochain article plus pratique et moins « bla-bla ».
Nice Job !
Je vois que tu utilises ableton, sur la plupart des séquenceur il existe un vst qui émule un ampli comme par exemple Amp sur Ableton ou Guitar Rig de chez NI.
Donc pour une guitar élec, on peut directement brancher la guitar dans la prise instrument de la carte son.
Mais pour une guitare accoustique, un micro est nécessaire.
En effet je rajouterai un delay et une réverbe.
Bonjour Damien,
En effet, de nombreux plug-ins permettent de simuler des amplis : Amplitube, Pod Farm, Guitar-Rig, Le Pou, …
Il est prévu que j’en parle dans ces articles :
– Les effets et modélisations
— Le chaînage d’effets
— Effets matériels vs. Plug-ins
Je citerai aussi les configurations qui utilisent une partie logicielle lors du prochain article.
Pas facile d’organiser tous ces dossiers MAO dans un ordre logique, il y a tellement de choses qui se croisent. J’espère en tous cas que toutes mes explications sont bien claires 🙂
Damien,
Je découvre ton blog à l’instant. Bravo pour ce boulot.
Je vais lire tout ça !